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Au retour de Waterloo, une batterie d’artillerie anglaise fait étape à Forest
Impressions de l’auteur (suite)

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Rappel du contexte historique : C’est au retour de la bataille de WATERLOO des 16 et 17 juin 1815, qui s’acheva par la débandade de l’armée française et le départ de Napoléon pour Paris où il signa sa seconde abdication le 22 juin, que la batterie « G » d’artillerie à cheval anglaise traversa notre région en se dirigeant vers Paris.

Dans un premier article, il a été relaté le passage de la batterie le 23 juin pour se rendre à MONTAY. Après une nuit passée à Montay, la batterie reçoit l’ordre de retourner à Forest.

« Le 24 juin, nous voilà de retour à FOREST, car la brigade va marcher sans délai sur LANDRECIES dont le commandant refuse de se rendre. Nous ne perdîmes pas de temps pour obéir et, comme la route était maintenant solitaire, nous y arrivâmes bientôt. Au lieu de trouver la brigade prête à marcher, nous fûmes surpris de voir les gardes du corps pansant tranquillement leurs chevaux.
La place était déjà pleine ; je dus bivouaquer dans un verger élevé et sec, mais dont les arbres sont trop jeunes et trop espacés pour nous donner l’ombre dont nous avons grand besoin.
L’arrivée des soldats attira les villageois à notre bivouac ; beaucoup de vieilles femmes et de jeunes filles nous apportent de très belles cerises à acheter. Les vieilles étaient remarquablement laides et décharnées et les jeunes généralement jolies ; toutes avaient des yeux brillants et expressifs. Les jeunes se débarrassaient naturellement de leurs cerises les premières. Mais ce fruit était si agréable dans ces journées torrides que tout fut bientôt vendu.
Le costume des ces femmes (qui semblaient tout à fait familières avec nous) était plutôt pittoresque. De hauts bonnets blancs avec de larges ailes descendant jusqu’à leurs épaules, un corset nu, parfois négligemment lacé, la poitrine couverte d’un mouchoir disposé avec grâce, un jupon bleu rayé de blanc et de rouge et atteignant seulement jusqu’aux mollets, de grossiers bas de laine et de lourdes chaussures de bois (sabots). Plusieurs portaient de grands anneaux d’or ou d’argent aux oreilles et d’autres de petites croix d’or suspendues à un ruban ou à une bande de velours noir.

 
Un charge menée par Wellington   Un fantassin anglais

Le duc avait lancé au Cateau un manifeste. Des copies en sont affichées dans le village et les paysans en paraissent enchantés. Ils peuvent l’être, car on les assure qu’ils seront traités comme des gentlemen et ne subiront pas la punition que la France, en tant que nation, mérite si bien. On prie les gens de rester tranquillement chez eux puisque nous ne leur faisons pas la guerre et devons plutôt être considérés comme des alliés. On continue en les assurant que la plus stricte discipline sera maintenue dans l’armée alliée et que tout ce qui sera requis par la troupe devra être payé à sa valeur réelle. Les Forésiens, et surtout les Forésiennes, ne cachent pas leur étonnement de notre générosité.
Louis XVIII est passé aujourd’hui 24 juin par le village en route pour le Cateau. Le lieutenant Leathes et moi sommes sortis à cheval pour aller à sa rencontre, à un quart de mille environ. Le cortège se composait de plusieurs berlines escortées par environ deux escadrons de Gardes du Corps Royaux, beaux jeunes gens, tous gentilshommes, habillés d’un uniforme très seyant : habit bleu à retroussis rouges et galons d’argent disposés avec goût, casque grec d’argent avec un soleil d’or, le plus élégant que j’aie jamais vu.
Le roi était dans la dernière voiture et de chaque côté chevauchaient le duc de Berry et le général Marmont dont j’avais fait la connaissance sur le champ de manœuvres d’Alost. Nous nous étions retirés sur le côté de la route au passage du cortège. Quand le duc de Berry et le général nous virent, ils s’avancèrent vers nous la main tendue, se répandant en torrents de compliments et de congratulations tels que nos chevaux eux-mêmes en rougissaient ! Son Altesse Royale ne pouvait assez témoigner sa reconnaissance à la nation anglaise. Elle était impatiente de nous voir à Paris dès notre arrivée, etc. Le général n’était pas en reste pour les compliments et les promesses, aussi, oubliant l’adage : « Ne vous fiez pas aux princes », Leathes et moi nous nous voyions déjà avec la croix de Saint Louis à notre poitrine. Nous verrons …
Le monarque eut son dîner retardé par notre digne ami M. le curé, qui, en vêtements de cérémonie et suivi de ses paroissiens en habits du dimanche, le reçut à l’entrée du village et, debout près de la porte de la voiture, lui débita une longue harangue coupée d’inclinaisons de tête à la mode des mandarins, à la fin de chaque période et d’une inclinaison plus profonde après la péroraison. Tout cela fut reçu et rendu par Sa Majesté avec la patience et la ponctualité la plus exemplaire.
Enfin le convoi reprit sa route et nous retournâmes à notre verger ….  

D’après le Journal de campagne de Waterloo écrit sur la base des notes de Alexander Cavalié MERCER  Commandant la batterie « G », rattachée à la division de cavaliers commandée par Lors UXBRIGE.  

Article recueilli et mis en page par Georges BROXER