LA RECONSTRUCTION DE L’EGLISE |
|||
L’église de Forest-en-Cambrésis dont l’origine remonte au 12e siècle a été détruite à la fin de la guerre 1914-1918. Les troupes allemandes ont occupé le village depuis pratiquement le début des hostilités. En 1918, pour protéger leur retraite, elles firent « sauter » l’église pour détruire son clocher qui permettait d’avoir une vue étendue sur les environs. La destruction de l’église du village portait une charge émotionnelle telle que sa renaissance s’imposa d’emblée, mais il y avait d’autres priorités, et il fallut attendre de nombreuses années. Dès mars 1919, un Plan d’Aménagement et d’Extension des Villes et Villages fut créé par voie législative. L’objectif était de restaurer les édifices communaux, mais il apparut rapidement que la reconstruction des édifices religieux - 3 500 sur les 13 départements sinistrés - représentait un budget très lourd et qu’il convenait de prendre des dispositions particulières. |
|||
L’intervention des Sociétés Coopératives Diocésaines de Reconstruction. C’est ainsi que dès le début de l’année 1921, chacun des 11 diocèses concernés se dota d’une Société Coopérative de Reconstruction. Au sein de chacune de ces coopératives fonctionnaient différentes commissions spécialisées, notamment chargées d’examiner les soumissions des entreprises, d’organiser les adjudications et la réception des travaux. L’ensemble était supervisé par un Comité Technique, composé essentiellement d’architectes, qui donnait son avis sur les projets de reconstruction et d’aménagement. Leur financement reposait naturellement sur la délégation d’une partie des indemnités communales de dommages de guerre et également sur des dons et legs de particuliers. Mais, compte tenu des délais parfois très longs imposés pour le règlement de ces indemnités, elles durent s’appuyer sur des fonds d’emprunts familièrement qualifiés à l’époque d’ «emprunts du Bon Dieu », calqués sur les emprunts lancés par les Collectivités Publiques. Afin d’éviter un émiettement de leurs possibilités opérationnelles, elles formèrent un groupement qui émettra un premier emprunt massif en 1922 de 200 millions de francs et un second de même importance en 1928. Dans l’ensemble, les architectes s’efforcèrent de reconstruire les églises telles qu’elles étaient autrefois. Cependant lorsque la totalité de l’édifice fut détruit, ils tentèrent une « modernisation » comportant une présentation plus contemporaine. Ce fut sans doute ce qui présida à la conception de la nouvelle église de Forest.
|
|||
Les étapes de la construction de la nouvelle église. C’est en fin d’année 1921 que débuta le parcours de la reconstruction. Le conseil municipal du 2 novembre décida d’adhérer à la Coopérative de Reconstruction du Diocèse de Cambrai en cours de constitution, et désigna son représentant en la personne du Chanoine d’Englefontaine Emile Flament. L’étude du projet et la consultation des entrepreneurs prirent du temps. En février 1923, la commune fut en mesure d’adopter les plans et devis de reconstruction présentés par 2 architectes de Cambrai : messieurs Prudent et Brière de l’Isle pour une somme de 854 564,50 F avant de les déposer devant la commission compétente de la Coopérative de Reconstruction. Il fallut ajouter à ce montant un supplément pour les fouilles - les fondations étant différentes de celles de l’église détruite - l’achat de l’autel, des fonds baptismaux, de la croix et du paratonnerre. Puis vinrent la refonte de la cloche confiée à la Maison Wauthy, fondeur de cloches à Douai et l’acquisition de l’horloge fabriquée à Morbier dans le Jura. Le coût total de la construction de la nouvelle église se monta à 950 000 F. C’était un montant impressionnant. A titre indicatif, les dépenses annuelles de gestion de la commune totalisaient en moyenne dans les années 1925 environ 80 000 F ; le traitement annuel d’un agent municipal était d’environ 7 500 F. L’adoption du projet par la coopérative et sa réalisation prirent un peu plus de 6 années. En juillet 1929, quelques semaines avant la remise de l’église au service du culte, la réception provisoire eut lieu. Le budget primitivement alloué fut dépassé et les entrepreneurs durent consentir un « rabattement » sur leur mémoire pour éviter un arrêt des travaux.
L’inauguration de l’église se déroula le 28 juillet 1929, assortie d’un programme « grandiose » de cérémonies. Elles débutèrent le matin par la bénédiction de l’église par le Chanoine Flament, suivie d’une messe solennelle. L’après-midi, à 15 heures, un grand cortège historique et religieux formé d’une centaine d’habitants costumés représentant pratiquement l’ensemble des familles parcourut les rues du village.
Georges Broxer |