Selon un ancien plan cadastral datant du XVIIe siècle, il existait un bâtiment qui, par son emplacement et ses proportions, paraît avoir été la « maison d’école ».
Cependant l’existence d’une école à Forest n’est authentifiée par les archives paroissiales de la commune qu’en 1778.
A cette époque, l’instituteur ou plutôt le directeur de l’école, était le « clerc » (1) de la paroisse.
Il était rémunéré par un traitement fixe provenant de l’allocation mensuelle versée par les enfants des familles riches et aisées. En outre, il donnait gratuitement l’instruction aux enfants pauvres moyennant une rétribution en nature que lui allouaient, chaque année, les administrateurs des « Biens des Pauvres » (2).
Le « clerc » d’Ovillers tenait aussi école et recevait également une rétribution pour l’enseignement qu’il donnait aux enfants indigents situés sur le territoire de Forest.
Il faut citer pour être complet sur ce thème que, jusqu’à la révolution, les « Récollets » (3) tenaient également une école au sein de leur ermitage aujourd’hui disparu, fondé au « Bois l’Evêque », laquelle a laissé le souvenir d’un enseignement de qualité.
Jusqu’en 1848, année de l’achèvement de la construction du bâtiment des écoles à son emplacement actuel, l’ancien presbytère abritait l’école qui était probablement mixte.
Ensuite, la mise à disposition des nouvelles installations permit la séparation des garçons et des filles.
L’école des garçons fut alors confiée à des instituteurs laïques, l’école des filles demeurant dirigée jusqu’en 1881 par des sœurs de l’« Enfant Jésus » dont la maison mère était à Lille. Elles furent remplacées par des institutrices laïques et brevetées. |
Le rez-de-chaussée était occupé par une classe de garçons, la classe enfantine et une classe de filles. Quatre pièces y étaient aménagées pour le logement des enseignants.
Le 1er étage, abritait la seconde classe de garçons et la 3e classe de filles. Quatre pièces étaient également réservées au logement des instituteurs et institutrices.
Le 2e étage comprenait 8 autres pièces, des chambres probablement, et le grenier.
Il s’agissait d’un vaste groupe scolaire pour l’époque, la mairie occupait alors la partie centrale. Toutefois, à la suite du fort accroissement de la population qui atteignit 1 792 habitants en 1870, il devint indispensable de procéder à divers agrandissements, notamment en 1882.
Le nombre d’élèves inscrits était impressionnant, en effet :
- pour les garçons : une moyenne de 105 élèves répartis en 2 classes,
- pour les filles : un effectif moyen de 194 élèves était réparti en 3 niveaux dont une classe enfantine mixte.
Il convient cependant de rappeler que durant le 19e siècle, l’école n’était pas obligatoire, il en résultait que les classes étaient fréquentées assidûment durant les 4 mois d’hiver par l’ensemble des élèves inscrits, et le reste de l’année surtout par les élèves payants.
L’obligation d’assiduité résultant de la loi Jules Ferry de 1882, accompagnée de la gratuité de l’enseignement primaire également instituée, était restée en cette fin de 19e siècle lettre morte dans nos campagnes.
Comme au temps jadis, aussitôt les grands travaux des champs commencés, beaucoup d’enfants pauvres abandonnaient l’école jusqu’à la fin de l’automne.
D’après la Monographie Communale Hennedouche de Forest datant de 1900 et l’Histoire de Forest de l’Abbé S. Poulet publiée en 1905.
Georges Broxer
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(1) Clerc : ce nom du latin « clericus » désignait un membre du clergé considéré comme « lettré », mais pas nécessairement un prêtre.
(2) Les « Biens des pauvres » appelés à partir de 1817 « Bureau de Bienfaisance », sont aujourd’hui administrés par le CCAS. Leur patrimoine comprend essentiellement une soixantaine d’hectares de terres agricoles. Ce dernier trouve son origine première dans les « libéralités » de Baudouin V lors de la fondation du village en 1180 puis par la suite de l’accumulation au fil des siècles de donations et de legs des habitants du village. Aujourd’hui ses ressources proviennent pour l’essentiel des fermages encaissés.
(3) Les « Récollets » sont un ordre religieux lié à Saint François. Installés à l’origine en Italie, ils furent introduits en France en 1585 où ils fondèrent divers couvents. Ils formaient des missionnaires et des aumôniers pour les régiments. |