LES BIENS DES PAUVRES ET LE BUREAU DE BIENFAISANCE,
UNE INSTITUTION ANCIENNE A FOREST
L’action sociale en faveur des plus défavorisés n’est pas une préoccupation, ni une institution récente comme l’on serait tenté de le croire un peu hâtivement.
En effet, l’Histoire de FOREST nous apprend que, vers la fin du 15e siècle, c’est à dire environ trois cents ans après la fondation du village, les biens que possédaient les « pauvres » étaient considérables. La consultation du contenu des actes de donations et legs conservés aux archives de l’Echevinage démontre leur caractère marginal et tend à crédibiliser l’hypothèse souvent évoquée de l’existence d’une dotation vraiment princière faite aux « pauvres » par BAUDOUIN V en 1180, à l’origine du village, comme en ont du reste bénéficié l’Eglise et la Cure.
Ces biens, en raison de leur importance, eurent de tout temps, leurs « mambours » ou administrateurs. Ce sont eux qui acceptaient les donations, louaient les maisons et les terres, réglaient les échéances, faisaient toutes diligences pour la rentrée des fermages, poursuivaient au besoin les débiteurs négligents devant la juridiction compétente.
Suivant les baux qui les liaient aux exploitants, les « mambours » encaissaient des recettes en argent ou en nature « mencauds de blé ». Les secours étaient distribués suivant la même forme.
Durant les bonnes années, ils constituaient une réserve pour faire face aux périodes difficiles - disettes notamment - qui revenaient périodiquement. C’est ainsi que l’on retrouve trace au cours des années de détresse de dons exceptionnels ainsi motivés, une année « en considérant que la classe indigente a été fort maltraitée par l’épidémie régnante de choléra, qu’un grand nombre est encore en ce moment atteint par la maladie,… qu’il faut, de toute nécessité multiplier les secours… ». Ou encore un peu plus tard « pour la classe indigente réduite à une affreuse misère par suite de la fermeture des manufactures des environs… »
Les « mambours » rendaient leurs comptes chaque année solennellement devant l’assemblée paroissiale, en présence des prévôt, pasteur, mayeur et échevins.
En 1778, ce patrimoine était constitué pour l’essentiel de terres évaluées à 67 ha 60 principalement sur Forest, mais aussi sur Le Pommereuil, Solesmes, et Briastre, ainsi que de quelques maisons et de rentes en argent et en nature (blé) assises sur des propriétés en vertu de libéralités plus ou moins anciennes.
Cette institution est demeurée pratiquement en l’état jusqu’en 1817, date à laquelle l’administration des biens des pauvres a été confiée à une Commission composée de 7 membres appelée « BUREAU DE BIENFAISANCE ». Le Maire et le Curé en étaient membres de droit.
Durant toute cette période passée, les revenus ainsi dégagés considérés comme relativement considérables, constituaient un précieux allégement pour la classe pauvre qui formait la majeure partie de la population.
A présent, ce patrimoine, limité aux biens fonciers, demeure pratiquement équivalent à celui recensé voici plus de deux cents ans, puisqu’il totalise 61 ha, 71 a, 67 ca. La diminution résulte de quelques rares cessions, la plupart liées au remembrement.
Il est géré dans la Commune par le CENTRE COMMUNAL D’ACTION SOCIALE (C.C.A.S.), lequel est présidé d’office par le Maire, entouré d’un Conseil de 12 personnes. Six Conseillers sont élus par le Conseil Municipal. Les autres membres sont désignés par le Maire.
Les revenus dégagés sont utilisés pour des aides ponctuelles, le versement d’une prime à la naissance, une participation au repas annuel des aînés, au colis distribué fin décembre et à des subventions allouées en fonction des besoins.
A notre époque, l’Etat et les Organismes sociaux assurent en général les besoins vitaux, cependant la pauvreté est toujours présente, bien qu’elle ait changé de visage, et c’est toujours dans le même esprit que la commune administre les « biens des pauvres ».
D’après l’Histoire de Forest écrite en 1905 par l’Abbé S. POULET, curé de la Paroisse
Georges BROXER