La Tourette : dernier vestige du fort de Forest |
Historique : Si le village de Forest ne fut pas ruiné sans retour par les troupes incendiaires du duc de Normandie, il le dut probablement à son église. Ce fut, en effet, l'habitude au Moyen-Age, et même dès l'invasion des Normands, d'entourer les églises de fossés et de retranchements. Les désordres d'une époque, dépourvue de toute sécurité sociale, forçaient à en agir ainsi les pauvres populations des campagnes, qui n'avaient ni châteaux, ni forteresses à leur disposition ! L'église de Forest, qui remonte à la fin du XIIe siècle, a dû être aussitôt construite en vue de servir à la protection du village. Son Fort, qui défendait les abords de l'édifice sacré, offrait, au besoin, un refuge et un rempart à la population. Il se composait d'une enceinte muraillée, qui embrassait tout l'ancien cimetière. Il n'en reste que le vieux mur, flanqué de deux tourelles, qui fait face à la chaussée. Celui qui masquait la façade de l'église et qui s'étendait du presbytère jusqu'à la rencontre du cimetière, a été démoli, il y a une cinquantaine d'années. Il était percé de deux portes, l'une près du presbytère, l'autre plus grande, en face du portail de l'église. Primitivement un fossé protégeait l'enceinte fortifiée et un pont-levis donnait accès à l'église, mais tout vestige en a depuis longtemps disparu. Des souterrains s'étendaient sous la tour et servaient d'abri aux femmes et aux enfants, à l'heure de l'assaut. Un puits creusé dans l'église pourvoyait aux besoins de la population, pendant qu'elle séjournait dans le Fort. A la première alerte, les habitants abandonnant leurs maisons, se réfugiaient dans le Fort, avec leurs bestiaux et ce qu'ils avaient de plus précieux, et y soutenaient de véritables sièges. Situation touchante ! C'était sous les yeux de leurs épouses et de leurs enfants, sur les tombeaux de leurs ancêtres, près de leurs autels, qu'ils repoussaient les efforts de l'ennemi. La pensée qu'ils défendaient ce qu'ils avaient de plus cher et de plus sacré exaltait leur courage et leur faisait mépriser les dangers. Parfois les ennemis s'emparaient du Fort dont il fallait les déloger « à grands colps de harquebuze ». Il arriva même qu'il fut entièrement démoli. Dans ces attaques, plus d'un habitant succombait, tel Antoine Bodechon «occis dans le fort par aucuns soldats du régiment du duc de Wittember ». Ce Fort eut surtout une réelle importance, pendant les guerres du XVIe siècle, mais il fut pour la population l'occasion de dures épreuves, ainsi que nous le verrons dans la suite… Abbé Stéphane Poulet- Histoire de Forest - 1905 |
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La tourette : sa renaissance ***** Octobre 2012 : Ce témoignage fait suite à « l’Histoire de Forest » de l’Abbé Poulet, curé de cette paroisse en 1905. Dernier vestige des fortifications protégeant l’église de Forest dès le 12ème siècle, la tourette est le symbole du patriotisme et de l’esprit de résistance des habitants, depuis la fondation du village. Elle est le témoin de tous les sacrifices consentis pour la défense de leur commune lors des très nombreux conflits meurtriers qui ont eu lieu au cours des siècles passés. Le village de Forest a été copieusement bombardé pendant de la 1ère guerre mondiale de 1914-1918. L’église a été complètement détruite et les bâtiments communaux partiellement touchés. Le monument aux Morts, situé rue du Moulin, témoigne de la violence de ce conflit. Quarante-trois noms de Forésiens « Morts pour la Patrie » sont gravés dans la pierre. Achille Payen, maire de Forest de 1896 à 1918, fit preuve d’un patriotisme peu commun. Il décéda 2 mois avant l’armistice, le 8 septembre 1918, des suites de tortures morales et physiques infligées par l’ennemi. Il fut un grand résistant avant ceux de 1939-1945. Son héroïsme justifia l’attribution de la Croix de Guerre à la commune de Forest en 1920. Témoin du passé glorieux de la commune, mais victime des ans, des intempéries et d’un certain laisser-aller, la tourette faillit disparaître. Décapitée par un ouragan en 1978, la muraille fut partiellement détruite. La tourette fut sauvée de l’anéantissement et du désastre définitif par l’intervention de la municipalité et de son maire Maurice Saniez en 1997. Le travail délicat de consolidation, qui a demandé plusieurs mois, a été réalisé par Jean-Michel Briatte. En 2012, cette tourette fut restaurée grâce à la volonté et la générosité de Léon Henniaux. Ce dernier, né à Forest le 5 avril 1915, fut résistant au mouvement OCM du réseau BOA. Arrêté et torturé par la gestapo puis déporté dans les camps de concentration, il fut libéré par les Américains en 1945. Les travaux ont été entrepris en juillet 2012 et terminés en octobre de la même année. Ils ont bénéficié d’une main-d’œuvre locale compétente : maçonnerie : Philippe Cappeliez - charpente et toiture : Philippe et Gaspard Delsarte - menuiserie : Pierre-Marie Vallez - finitions : l’équipe municipale (Denis Dubois, adjoint, Dominique Catillon, Jean-Marie Steen et Jean-Michel Briatte). Les travaux ont été coordonnés par Léon Henniaux et Maurice Saniez. Maurice Saniez - 2012 |
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